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Comment communiquer en favorisant l’égalité de genre ?

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15/05/2024
Fiche pratique n° 2132

En tant qu’agent·e de la fonction publique, le sujet de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes vous concerne en premier lieu. Si les inégalités entre les genres se retrouvent dans de nombreux domaines de notre société, il est un endroit où elles se glissent sans même que nous nous en rendions compte : notre langue. 

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) pointe notamment les conventions grammaticales qui prônent que « le masculin l’emporte sur le féminin » ou l’absence de mots féminins pour décrire certains métiers ou fonctions exercées par des femmes ; il en résulte que la moitié de la population est occultée dans les diverses communications censées s’adresser à l’ensemble de la population. 

Cela s’accompagne aussi de stéréotypes sexistes véhiculés par des expressions patriarcales tels que « mademoiselle », « nom de jeune fille », ou d’autres clichés qui relèguent les femmes à la sphère privée de la maison ou du soin aux autres, plutôt qu’à des fonctions de responsabilités, d’expertises qui reviendraient davantage aux hommes.

Pour rétablir l’équilibre entre les sexes dans le langage et accompagner les agent.es du secteur public sur le terrain de l’égalité entre les femmes et les hommes, le HCEfh encourage les administrations à utiliser un langage égalitaire. Pour cela, il a rédigé un guide pour une communication publique sans stéréotype de sexe, dont la dernière actualisation a été publiée courant 2022.

Nous vous conseillons vivement de prendre connaissance du document dans sa totalité. Celui-ci est riche de nombreux éclairages historiques et de contexte, d’exemples, d’alternatives et de ressources pour mieux appréhender les nouvelles habitudes à prendre pour aboutir à une communication institutionnelle non sexiste.

Mais pour vous donner un premier aperçu rapide de son contenu, nous avons listé dans cet article les 10 recommandations du HCEfh pour adopter une communication institutionnelle non sexiste. Et vous verrez qu’historiquement, la langue française est déjà bien équipée pour permettre un langage inclusif.

 

1. Employer les noms féminins ou masculins de métiers, titres, grades ou fonction en accord avec le genre de la personne concernée

Se réapproprier les noms féminins qui existent depuis le Moyen-Âge

Les noms de métiers, titres, grades, fonctions au féminin font partie de la langue française depuis le Moyen-Âge. Ils ont été volontairement évincés du français pour lutter contre l’accès des femmes à des positions de pouvoir. 

De ce fait, excepté pour les nouvelles professions, une grande majorité des noms de métiers dont nous avons besoin pour nommer les femmes a déjà été pensée et était en usage à l’époque médiévale. Il s’agit donc de se les réapproprier.

Par exemple, des mots comme « professeuse ou autrice » étaient utilisés et avaient en plus l’avantage d’être audibles à l’oral. Contrairement à certaines formules rencontrées aujourd’hui qui se construisent à partir de l’ajout d’un « e » au nom masculin comme dans « professeure », mais qui ne s’entendent pas à l’oral.

Un guide pour aider à féminiser les noms de métier

Pour vous aider à féminiser les noms de métiers, vous pouvez vous appuyer sur cette ressource en ligne et gratuite publiée sous la direction de Bernard Cerquiglini du CNRS : Femme, j’écris ton nom… Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. 

 

2. Une communication institutionnelle non sexiste à l’oral comme à l’écrit 

L’écriture inclusive au service de l’égalité femmes hommes

L’écriture inclusive a pour objectif de rétablir l’égalité entre les femmes et les hommes dans le discours. Pour cela, les femmes doivent pouvoir se sentir concernées par les communications adressées à l’ensemble de la population. Ce n’est évidemment pas le cas lorsque l’on suit la règle habituelle du « masculin qui – soit disant – vaut neutre » encore appelé « masculin générique ». 

Pour lutter contre le sexisme dans la communication publique, le HCEfh propose donc plusieurs options :

Le doublet

Le doublet (ou la double flexion) c’est-à-dire l’utilisation des deux formules au féminin et au masculin. Par exemple, une équipe de direction peut recourir aux expressions suivantes dans sa communication interne : « chères collaboratrices, chers collaborateurs » plutôt que simplement « chers collaborateurs » ou encore aux pronoms « celles et ceux » ou « elles et ils ».

Le point médian

À l'écrit, l’usage du point médian est préconisé lorsque la forme féminine du mot est très semblable à la forme masculine. Par exemple, dans étudiant·e ou citoyen·nes.

 

3. Le langage épicène

Qu’est-ce qu’un terme épicène ?

Un mot épicène est un mot qui a la même forme au masculin qu’au féminin et qui désigne un personne quelque soit son sexe. On peut ainsi employer les termes ci-après pour désigner autant des femmes que des hommes : les cadres, les diplomates, les architectes, les scientifiques.

Les adjectifs épicènes

Les termes épicènes peuvent aussi être des adjectifs comme « aimables » qui permet d’éviter un mot genré comme « gentil » qui prend la forme « gentille » au féminin.

L’écriture épicène à travers des mots évoquant le collectif

Certaines formules sont intéressantes, car elles renvoient au collectif et neutralisent ainsi la question de genre : les gens, les personnes, les êtres humains, les parents, le monde étudiant, la direction.

Les nouveaux pronoms épicènes

Pour aller plus loin dans l’inclusivité, un nouveau pronom est apparu dans la langue française pour désigner un ensemble mixte de personnes ou des personnes qui ne désirent pas que leur genre soit spécifié. Il s’agit de « iel » ou « iels ». Par exemple, le dictionnaire le Robert propose l’emploi suivant : les stagiaires ont reçu les documents qu’iels doivent signer.

 

4. Adopter l’ordre alphabétique

Pour parler et écrire une langue égalitaire, le HCEfh conseille, lorsque l’on utilise les doublets, de nommer selon l’ordre alphabétique des mots. Ce qui a comme conséquence de former des phrases dans lesquelles parfois le masculin est donné en premier, quand d’autres fois c’est le féminin. On peut ainsi écrire : le directeur et la directrice, les citoyennes et les citoyens.

De cette façon, on élimine cette “vieille” habitude bien ancrée de citer systématiquement en premier lieu le masculin comme dans Monsieur et Madame ou mari et femme.

 

5. Revenir aux accords traditionnels

Saviez-vous que jusqu’au XVIIe siècle, on n’accordait pas au masculin dès lors qu’il y avait un seul homme dans un groupe de femmes ? À l’époque les accords étaient égalitaires. Ils constituent de formidables outils pour servir la cause de l’égalité dans le langage. En fonction du contexte, on peut employer soit :

L’accord de proximité

Cette convention rend possible l’accord avec le sujet le plus proche dans la phrase et non avec le masculin comme cela nous a été enseigné à l’école. Ainsi, l’on peut écrire :

• Les directeurs et les directrices ont été présentées à l’ensemble du personnel. 

• Les citoyennes et les citoyens sont tous allés voter.

L’accord de choix

Cette convention offre l’option d’accorder en fonction de ce que l’on peut observer de manière très flagrante. Pourquoi devrait-on accorder au masculin dès lors qu’un seul homme est présent dans une assistance ? Cela pose évidemment des problèmes de représentation de l’ensemble des femmes présentes, surtout quand celles-ci sont en majorité. Ainsi, pour évoquer un groupe de personnes composées d’une grande majorité de femmes, il est tout à fait approprié d’écrire : 

Les professeurs et les professeuses sont rassemblées pour la réunion de rentrée de l’université. Elles vont notamment présenter l’organisation des mastères.

 

6. Éliminer toutes les expressions sexistes

Supprimer les termes renvoyant à la situation conjugale des femmes

L’inclusivité des femmes dans le discours passe aussi par la suppression totale des expressions sexistes. La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes demande expressément de s’adresser aux citoyennes et aux citoyens en utilisant leur nom de famille et non leur nom d’usage sauf s’il s’agit d’une demande de leur part. 

Cela implique que les termes liés à la situation conjugale des femmes soient supprimés des documents administratifs : mademoiselle, chef de famille, nom de jeune fille, nom patronymique, nom d’épouse, etc.

Ils sont à remplacer par : Madame, nom de famille, nom d’usage.

Les questions de parentalité et de la vie quotidienne concernent autant les hommes que les femmes

Attention également aux faux pas sexistes concernant les questions liées à la sphère parentale et domestique :

• si une communication interne doit être faite à ce sujet, veillez à vous adresser aussi bien aux hommes qu’aux femmes ;

• lors d’interviews sur les parcours professionnels des membres du personnel, adressez ces questions également aux hommes et ne les réservez pas qu’aux seules femmes. Ces questions concernent les deux sexes.

 

7. Présenter intégralement l’identité des personnes

Prénom, nom, métier, titre, fonction

Le guide HCEfh évoque la discrimination entre les femmes et les hommes lors de réunions ou conférences à l’occasion desquelles les femmes sont encore parfois présentées différemment de leurs collègues masculins. 

Il rappelle donc d’introduire femmes et hommes de la même façon, c’est-à-dire par leur prénom, leur nom suivi de leur métier, titre, fonction. Et de bannir totalement certaines habitudes qui participent à délégitimer les femmes dans leur parcours professionnel, leur expertise en ne les annonçant que par leur prénom ou pire encore en utilisant des formules de type « épouse de », ou « mère de x enfants » — ce que personne ne ferait d’ailleurs s’il s’agissait d’un homme. 

Stop aux clichés sexistes sur la féminité

À proscrire également les propos sexistes concernant la « féminité » de celles qui exercent des métiers traditionnellement occupés par des hommes, leur façon de s’habiller, leur douceur ou leur maîtrise des tâches domestiques.  

 

8. Montrer la diversité des profils et des statuts

Parler « des femmes » et non de « la femme »

Autre cliché à déconstruire par notre langage : le mythe de « la femme » qui serait douce, dévouée, et douée d’instinct maternel, etc. Il s’agit là de stéréotypes de genre bien ancrés dans notre société, mais qui ne reflètent en rien la diversité des femmes.

Voilà pourquoi, il convient de cesser de parler de « la femme » au profit d’une formule plus représentative et juste telle que « les femmes ». 

Cesser d’utiliser l’adjectif « féminin » pour parler des activités exercées par des femmes

De même, les formules qui associent l’adjectif « féminin » à toute activité réalisée par des femmes, sont à bannir. Elles laissent entendre que toutes les femmes exercent ces activités de la même façon, au « féminin ». Non, les femmes sont toutes différentes et ont chacune leur approche. Ne les enfermons donc pas à nouveau dans des clichés de genre et privilégions plutôt les expressions : 

• « l’équipe féminine de football » au lieu de « le football féminin » ; 

• « l’entrepreneuriat des femmes » au lieu de « entrepreneuriat féminin » ;  

• « le réseau des femmes en entreprise » au lieu de « le réseau féminin ». 

 

9. Diversifier les représentations des femmes et des hommes

La communication institutionnelle doit pouvoir représenter la diversité des profils de femmes et d’hommes  (âges, origines, milieux professionnels, capacités physiques et mentales) et veiller à ne pas les enfermer dans des stéréotypes de sexe. 

Même si certains clichés correspondent à une réalité qui ne doit pas être niée pour autant, la communication publique a vocation à ouvrir le champ des possibles et à montrer la diversité : femmes cheffes d’entreprise, ingénieures, astronautes et des hommes infirmiers ou caissiers. Femmes et hommes doivent pouvoir se reconnaître dans tous ces métiers, tous ces rôles.

Attention donc aux exemples et visuels utilisés pour témoigner et illustrer certains métiers très genrés. Une attention particulière est de rigueur pour que des exemples féminins et masculins soient mis en valeur. 

 

10. Veiller à équilibrer le nombre et les représentations de femmes et d’hommes dans tous les supports de communication

Qu’il s’agisse de photos, de présence sur les réseaux sociaux, d’experts invités dans les conférences, de temps de parole, de noms de rue, partout, on constate des déséquilibres dans les représentations entre les femmes et les hommes.

Pour éviter de reproduire ces situations inégalitaires pour les femmes, pensez à compter systématiquement le nombre de femmes et le nombre d’hommes et ajustez pour arriver à une situation égalitaire. Si cela n’est pas possible, une légende peut accompagner un visuel pour compenser le stéréotype véhiculé.

À travers cet article, vous avez pu vous rendre compte que des solutions existent pour visibiliser les femmes dans la langue française et lutter contre le sexisme dans la communication publique. Il s’agit donc : 

• d’adopter de nouvelles habitudes avec l’écriture égalitaire (réappropriation d’anciennes conventions d’écriture et usage du point médian) ;

• de mettre en place des méthodologies de travail ne permettant pas de retomber dans les clichés de genre ou les déséquilibres de représentations.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe rédigé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le HCEfh propose aussi des accompagnements pour permettre à votre administration de mettre en œuvre ces nouvelles pratiques. 


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